• Tu seras un homme

    If
    Rudyard Kipling (1910)

    If you can keep your head when all about you
    Are losing theirs and blaming it on you,
    If you can trust yourself when all men doubt you.
    But make allowance for their doubting too;
    If you can wait and not be tired by waiting.
    Or being lied about, don’t deal in lies,
    Or being hated, don’t give way to hating,
    And yet don’t look too good, nor talk too wise:

    If you can dream —and not make dreams your master
    If you can think —and not make thoughts your aim
    If you can meet Triumph and Disaster
    And treat those two impostors just the same;
    If you can bear to hear the truth you’ve spoken
    Twisted by knaves to make a trap for fools.
    Or watch the things you gave your life to broken,
    And stoop and build’em up with worn-out tools:

    If you can make one heap of all your winnings
    And risk it on one turn of pitch-and-toss,
    And lose, and start again at your beginnings
    And never breathe a word about your loss;
    If you can force your heart and nerve and sinew
    To serve your turn long after they are gone,
    And so hold on when there is nothing in you
    Except the Will which says to them: “Hold on!”

    If you can talk with crowds and keep your virtue,
    Or walk with Kings —nor lose the common touch,
    If neither foes nor loving friends can hurt you,
    If all men count with you, but none too much;
    If you can fill the unforgiving minute,
    With sixty seconds’ worth of distance run.
    Yours is the Earth and everything that’s in it,
    And —which is more— you’ll be a Man, my son!


    Tu seras un Homme, mon fils

    Voici le célèbre poème “If-” de Rudyard Kipling (1910) traduit de l'anglais par André Maurois (1918). Ce texte n'est pas écrit par un homme, mais il a été inspiré à un homme.

    Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
    Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
    Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
    Sans un geste et sans un soupir ;

    Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
    Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
    Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
    Pourtant lutter et te défendre ;

    Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
    Travesties par des gueux pour exciter des sots,
    Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
    Sans mentir toi-même d’un mot ;

    Si tu peux rester digne en étant populaire,
    Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
    Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
    Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

    Si tu sais méditer, observer et connaitre,
    Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
    Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maitre,
    Penser sans n’être qu’un penseur ;

    Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
    Si tu peux être brave et jamais imprudent,
    Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
    Sans être moral ni pédant ;

    Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
    Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
    Si tu peux conserver ton courage et ta tête
    Quand tous les autres les perdront,

    Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
    Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
    Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
    Tu seras un homme, mon fils.

    « Mandalay »

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